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Les cartes à jouer


Publiée le par Gooque

Des origines sans histoire

Avant de jouer aux cartes, il faut les battre, mais avant de s’en remettre au destin ou au hasard, il faut les fabriquer. Les premières cartes à jouer sont rondes. Elles viennent de l’Inde du 11ème siècle. Il existe aussi des cartes en Chine, sensiblement à la même époque. Elle sont constituées d'un rectangle de carton plutôt étroit, peut-être pour copier la forme des tuiles du mah-jong ou des dominos.


Le 7 Barat et 8 de Surkh d’une jeu de cartes moghol - Ganjifa

Pour résumer, on ne sait pas grand-chose de plus, si ce n’est que les hommes ne cessent d’interroger le destin, ou bien s’en remettent au hasard et si le destin dépend des dieux que l'on interroge, le hasard n’est qu’une forme de chaos que l’on tente d’apprivoiser.


Cartes à jouer chinoises
Dynastie Ming vers 1400 et Carte du Xinjiang XIXe siècle

En Europe, les premières cartes n'apparaissent qu'au 14ème siècle, en Espagne et en Italie notamment, où l'on jouait au Naibbe, nom venant probablement de la déformation du mot « naibi » signifiant carte à jouer. En France, c'est à Marseille vers l'an 1380, que l'on parle pour la première fois de cartes à jouer, puis à Lille, où les jeux de cartes sont rapidement interdits, … pour cause de militaires, les soldats jouant aux cartes pendant leur tour de garde.

Le jeu de 52 cartes regroupées en quatre familles apparait dans la Venise du 14ème siècle. Il semble provenir de quelque part vers l'Est et pourrait avoir été importé en Europe par des gitans, des croisés ou des commerçants. Il est possible que ces cartes aient fait leur chemin de la Chine à l'Europe, via l'Égypte à l'époque mamelouke, avec des jeux de cette époque comportant des gobelets ou des tasses, des pièces d'or, des épées et des bâtons de polo, qui représentent les principaux centres d’intérêts mamelouks.

Les enseignes latines, bâtons, deniers, épées et coupes, sont très certainement adaptées directement de ces jeux du monde musulman. Notons que la Reine n’a pas encore sa place parmi les figures que sont le roi, le vice-roy et le second.


Enseignes latines bâtons, deniers, épées et coupes

Entre-temps, au début du XVe siècle, les Français développent les icônes pour les quatre couleurs que nous utilisons couramment aujourd'hui, à savoir trèfle ♣ carreau cœur et pique ♠. Ces enseignes sont fixées définitivement au début du XVIe siècle, mais les figures restent variables jusqu'au milieu du XVIIe siècle. Elles sont imaginées par les tailleurs d’histoires, autrement appelés tailleurs de molles, car elles sont regroupées et gravées sur une tablette de bois appelée molle de carte. Ce qui facilite leur reproduction à moindre coût.


Cartes de tête issues d'un jeu au portrait de Rouen

Toutefois, le véritable coup de génie des Français a été de diviser ces quatre combinaisons, en deux rouges et deux noires, avec des symboles stylisés. Dès lors, la production de cartes à jouer pouvait s’affranchir des techniques traditionnelles de découpe et de gravure sur bois, pour utiliser des pochoirs, une méthode cent fois plus rapide.

Le portrait anglais qui atteint les États-Unis et qui est aujourd’hui devenu la figure internationale, n’est autre que le portrait de Rouen, fournisseur exclusif des îles britanniques à partir du 15ème siècle. Au milieu du XVIe, ces fayseurs de cartes à jouer sont appelés cartiers. Rouen et Lyon, les deux grands centres d’exportation, se partagent le marché européen. Enfin, vers le milieu du 18ème un cartier d’Agen a l’idée de dessiner les figures de façon symétriques, pour éviter d’avoir à retourner les pieds une fois en main.

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